•  

    L'origine de l'absinthe

     

    Les armoises, sont une famille de plantes aromatiques, affectionnant les terres sèches, rocailleuses et montagneuses d'Europe. Il existe plusieurs sortes d’armoise (artemisia en latin) la grande absinthe (artemisia absinthium). la petite absinthe (artemisia pontica), -- -l'absinthe des alpes (artemisia mutellina) plus connut sous le nom de genépi.

    L'armoise fut dès l'antiquité utilisée dans leur pharmacopée par les grecs sous le nom d'absinthion,et par les romains sous le nom d'artemisia.

     

     l'origine de la liqueur

     

    La légende raconte qu'un franc comtois pharmacien ,le Dr Pierre Ordinaire, exilé en Suisse fut le créateur du premier élixir. Élixir miracle à usage thérapeutique, le succès fut immédiat. A sa mort, la recette fut revendue bien des fois, avant de tomber dans les mains de la famille Dubied, qui fit passer la boisson du statut de remède, a celui de boisson d'agrément. Henry Louis Pernod, le gendre Dubied fut le premier à délocaliser son usine en France, son usine suisse ne pouvant suivre la demande française et les taxes à l'importation. Alors il quitta Couvet pour venir fonder sa première usine dans le Doubs à Pontarlier, et en 1805 il créa « Pernod&fils »

     

    La belle epoque

     

    Cette époque fut très riche artistiquement, elle fut ressentie dans toute l'Europe comme un renouveau de l'art sous toutes ses formes. Le symbole de cette époque fut paris, son quartier latin, Montmartre et ses artistes, et bien sûr Pigalle et ses danseuses du Moulin Rouge où Toulouse Lautrec trouvait son inspiration en buvant de l'absinthe. Sans oublier la vie très animée des guinguettes des bords de Seine, du coté d'Auvers sur Oise, ou résidât Vincent van Gogh et son frère Théo. Le musée de Mc Delahaye, historienne et collectionneuse de référence se trouve là-bas et y abrite une très belle collection d'objets autour de l'absinthe et de cette époque. Cette époque de bohème fut aussi le renouveau du design avec la tendance art nouveau et art déco qui suivie peu après. L’absinthe inspirait aussi les poètes, les écrivains, les philosophes, et même les hommes politiques de l'époque comme Émile Zola. Tous étaient de grands consommateurs d’absinthe, car tous fréquentaient quotidiennement les cafés parisiens, lieux d'échange intellectuel par excellence.

     

    Les methodes de fabrications

     

    L'absinthe peut être fabriquée par divers procédés tel que : La distillation de plantes ayant macéré dans de l’alcool. La simple infusion, macération reprenant le même principe, mais il n'y a pas de distillation. Et enfin, le pire procédé :

    L’addition d'essences aromatiques à de l'alcool, ce qui en trouble la transparence, l’âcreté et les arômes souvent chargés sont dûes aux huiles volatiles lourdes et a l'ajout de colorants. En bref les liqueurs à base d’essences, n’auront jamais le parfum, la qualité et le goût d'une absinthe distillée. Le plus souvent l'alcool utilisé pour la macération dépendait de la région de production. Cet alcool à distillat appelé « le trois 6 »pouvait être à base de betterave dans le nord est, à base de lie de raisins ou de vin dans le sud ouest, ou bien encore issue de mélasse de sucre ou de fruit. De nos jours, le plus souvent il s'agit d'alcool de lie de raisin comme a l'origine.

    Ensuite les herbes et aromates étaient toutes indépendamment macérés et distillées. Puis venait l'assemblage des alcoolats pour obtenir le produit fini. Et enfin l’absinthe finissait sa maturation dans des foudres de chêne pendant plusieurs mois afin de se débarrasser des tanins lourds. Méthode qui apparaît comme trop coûteuse de nos jours.

     

    L’ABSINTHE,

     

    jusqu’à la moitié du 19ème siècle fut quasi exclusivement réservée à la bourgeoisie.

    Les fabricants commencèrent à fabriquer des absinthes de moindre qualité, à base d'alcool de betterave ou de grains, voir de pomme de terre, qui étaient bien meilleur marché que l'alcool de vin usuellement utilisé. Le nombre de marques et de manufactures explosa, mais pour des produits de bien moindre qualité. Dans le même temps les vignobles français furent quasi décimés par l'oïdium et le phylloxera, ce qui eu pour conséquence une pénurie générale du vin et une hausse considérable du prix; et surtout la démocratisation de l’absinthe, plus forte et moins chère que le vin, une petite révolution parmi les classes populaires ! Puis quelques décennies passèrent, les vignes furent replantées et le vin coula à nouveau à flot.

    Le puissant groupe viticole voulait récupérer son marché. Alors le long travail de sape commença doucement, puis le mot absinthisme fit son apparition vers 1860 et le spiritueux fut accusé de tous les maux de l'époque, allant jusqu'à la diabolisation par les hygiénistes radicaux de l'époque, et pour aboutir à son interdiction en 1915 et sa prohibition dans toute l'Europe.

     

    L'interdiction

     

    L'interdiction arriva d'abord par la Belgique en 1905, en suisse en 1910, puis aux USA et finalement en France en 1915 après la première débâcle contre les Allemands. Puis vint la mode des absinthes hygiéniques, comme l'oxygéné et bien d'autres, mode qui sombra vite dans l'indifférence générale, dans une France troublée, divisée et où les heures les plus sombres de notre histoire étaient imminentes.

     

    La thuyone,

     

    La molécule qui rend fou et donne des hallucinations, le diable incarné en principe actif : on l'accuse encore actuellement de la toxicité de l’absinthe et elle véhicule tous les fantasmes.

    Quelle est la part de mythe et de réalité ?

    Pour commencer, rappelons ce qu'est vraiment la thuyone : il s'agit, pour rester dans la généralité, du principe actif de la plante d’absinthe, et pour être plus précis, du composé terpénique qui entre de 50 à 60% dans la composition de l'essence d' absinthe.

    Il s'agit donc d'un principe actif qui, théoriquement, peut trouver des récepteurs dans le cerveau et ainsi induire des réactions sur l'organisme.

    On dit souvent que la thuyone a une similarité moléculaire ou des effets équivalents à ceux du THC : c'est une théorie de 1975 qui fut démontée en 1999 par Meshler et Howlett dans leur étude. Comme souvent, le fantasme collectif a rapproché l’absinthe de la drogue alors que la réalité est bien différente.

    C'est en 2005 que la réponse fut apportée grâce à plusieurs études de laboratoires allemands. La ré-autorisation de l’absinthe sans le vouloir en 1981: le Conseil de l'Europe légifère sur les matières aromatisantes destinées à l'alimentation et les passe en revue, en fixant des taux maximum. C'est ainsi qu'elle en vient naturellement à la thuyone dont le taux maximum est fixé à 10 mg/l pour les boissons titrant 25% d'alcool et plus, et à 35 mg/l pour la catégorie des "amers". Pourquoi 35 et pas 45 ou 65 ? Mystère. Mais en choisissant ce taux maximum, le Conseil de l'Europe ne se doutait certainement pas qu'il venait de permettre la production d’absinthes identiques aux anciennes. Ces décrets furent ensuite aménagés pour la France en 1988.

    Les études récentes : en 2004 et 2005, deux études sont publiées par des équipes de recherche allemandes sur la toxicité de la thuyone.

    En 2006, 76 bouteilles d'absinthe Pernod Fils datant de 1914 sont découvertes. Certaines bouteilles stockées dans l'obscurité totale pendant un siècle contiennent de l’absinthe encore verte, ce qui est prodigieux puisque les bouteilles anciennes ont généralement perdu leur chlorophylle pour devenir feuille morte. Analysée, l’absinthe Pernod Fils de 1914 révèle... 17 mg/l de thuyone.

    Comment, à la lumière de ces informations, continuer à croire que l’absinthe fut pendant son heure de gloire un poison bourré de thuyone ?

    L'étude la plus déterminante a été publiée en Avril 2008 et porte sur l'analyse de 13 échantillons d’absinthes centenaires de marques diverses. Les résultats sont sans appel et confirment que la plupart des absinthes d'antan contenaient moins de 35mg/l, ce qui fait, que les absinthes actuelles sont toutes aussi puissantes et de meilleure qualité.

     

     

      

    Tout comme l'absinthe, d'autres boissons telles que les chartreuses, les vermouths ou encore les liqueurs de génépi contiennent de la thuyone. Elles n'ont pourtant jamais été interdites !

    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique